J’ai entendu Karkwa pour la première fois mais j’ai juste trippé sur Louis-Jean

Hugo Mudie a vu le comeback du groupe à La Noce De Coton et nous livre ses impressions.

Par
Hugo Mudie
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Le groupe Karkwa est totalement passé sous mon radar. À l’époque où ils étaient plus actifs et populaires, j’étais trop occupé avec mes bands et beaucoup trop en criss sans raison contre pratiquement tout ce qui était moindrement populaire / commercial. Je jouais du punk rock en anglais à travers le monde, j’écoutais les groupes de mes amis qui faisaient de l’excellente musique et je suivais ce qui se faisait dans la scène punk un peu partout sur la planète. Je volais ma bouffe au dépanneur, buvais de la Bolduc et perdais des amis et des fans chaque semaine; la provocation m’amusant beaucoup plus que les compromis.

Je n’avais donc jamais entendu Karkwa. Pas une seule chanson. Même pas un riff ou un refrain. J’en avais pas besoin. Je me trouvais beaucoup plus cool qu’eux et j’écoutais de la musique de gens que je trouvais plus cool que moi.

De toute façon j’avais Suck La Marde et Malajube qui comblait mon besoin de musique francophone moderne et actuelle.

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J’avais l’impression que Karkwa c’était de la musique « alternative » pour des gens qui ne le sont pas. Un namedrop de Guy A. Lepage. La soundtrack d’une dégustation de vin dans Rosemont. En fin de soirée on fume un joint. C’est aussi bon que Radiohead.

Je n’aime pas Radiohead.

15 ans plus tard (maintenant que je suis rendu assez vieux pour avoir mal au dos quand je passe de la position assise à debout et que j’ai réalisé depuis longtemps que bien souvent je me trompe quand je me fais une idée négative sur un truc populaire) voilà que j’allais enfin voir Karkwa au festival LA NOCE DE COTON au Saguenay. Je jouais en début de soirée sur une scène pas loin de celle où la bande de Louis-Jean allait performer pour la première fois en 6 ans. Comme que je ne vole plus ma bouffe dans les dep et que je suis moins en criss contre presque tout, j’étais dans un état d’esprit assez neutre pour m’intéresser à Karkwa et me faire une idée honnête. Enfin.

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Pour arrêter de dire « j’ai jamais entendu ça » avec une certaine fierté. Comme pour Star Wars, avant d’avoir des enfants. Personne me croyait, mais c’était vrai. Par contre, j’avais vu La mala educación 7 fois. Pis Malajube 25 fois, dans des cuisines, des sous-sols pis des minuscules bars.

J’ai chillé un peu backstage, dans un énorme bâtiment avec un set up de cuisinier / bar, un mini terrain de badminton, une table de babyfoot, plein de tables et des loges séparées par de gros morceaux de velours noir avec notre nom collé dessus. À ma droite Fred Fortin. En face de moi Kark.

J’ai croisé Louis-Jean backstage et je lui ai serré la pince. Je l’ai trouvé pus cute qu’à la tivi.

J’ai toujours eu l’impression que L-J se trouvait beau et bon. Tsé un genre de sourire avec une arrière pensée de « si je souris là et je montre mes belles dents blanches, ça va être payant ».

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Je l’avais rencontré une fois à Radio-Can lors d’une de mes chroniques où je jouais au punk semi-retard pour l’État. Me souviens pas ce qu’on s’est dit, mais j’ai pensé dans ma tête « ah fuck, si finalement je trouve ça pourri son band, il va penser que je suis hypocrite raide ». Je souhaitais donc trouver ça bon. Un peu.

Après une soirée à me rendre compte que je fit pas tant que ça dans la crème du semi-underground québécois, je me suis mis dans le mood pour aller voir le retour du groupe de Sept-Îles.

J’ai mangé un incroyable souper fait par le gentil chef Jean-Philippe qui respectait à la lettre ma nouvelle direction alimentaire hypotoxique (genre de régime compliqué anti-inflammatoire où tu peux presque manger rien de bon ), j’ai bu 4-5 gin-soda et je suis allé fumer du weed sur le bord de l’eau avec mes technicien(nnes). On a fait quelques blagues sur Jer Alain et j’suis allé chercher mon hoodie. J’étais prêt à me faire donner des frissons.

Je me suis dirigé vers l’arrière du parterre du site extérieur pour bien vivre le show, tel un simple moldu. Dès le début de la perfo de Karkwa, j’ai compris pourquoi Louis-Jean pognait dans le mainstream. Il a un genre de prestance, un calme, un contrôle au niveau de son jeu de guit et de sa voix qui plait, avec raison, à mister et madame Random. Pas parce que c’est plate, juste parce que c’est ce à quoi on s’attend. Une fluidité que j’ai même trouvé sexy. J’ai toujours eu l’impression que L-J se trouvait beau et bon. Tsé un genre de sourire avec une arrière pensée de « si je souris là et je montre mes belles dents blanches, ça va être payant ».

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J’ai mordu à l’hameçon. Je l’aurais ramené à ma chambre d’hôtel après le show. Pas de force évidemment. Magnifique terrain de jeu.

Ensuite, j’me suis rendu compte qu’il y avait 2 drummers et ça m’a fait chier. Un qui jouait normal et l’autre qui gossait sur des genres de percussions et des pads électroniques, je pense. Il faisait des genres de passes qui rentrent mal par bout et j’ai eu le goût d’aller manger une poutine Chez Mamy. Mais j’ai respecté mon régime.

Après 4-5 tounes pareilles ou presque, je me suis avancé. Louis-Jean était encore plus cute de proche mais parlait à la foule entre les tounes comme si les gens étaient un peu retardés. J’ai eu le goût d’aller caller 3-4 cannettes de Pepsi et un 26oz de Jack, mais j’ai respecté mon régime.

J’ai par la suite passé quelque temps à observer le crowd et j’ai eu l’impression que les gens connaissaient pas tant les tounes. Ça a comme confirmé mon classement de « musique en background lors d’une dégustation de vin, post-voyage en Islande ». Personne a un tattoo du logo de Karkwa mettons.

J’ai eu l’impression que les gens connaissaient pas tant les tounes. Ça a comme confirmé mon classement de « musique en background lors d’une dégustation de vin, post-voyage en Islande ». Personne a un tattoo du logo de Karkwa mettons.

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Je suis allé écouter un autre bout du show direct sur le stage. Tu sais toujours que ton band est cool quand les autres bands sont side-stage pour l’écouter lors d’un festival. D’ailleurs pendant mon set, y’avait pas un chat side-stage. Cette fois ci, tout le monde était là et tout le monde prenait des photos et s’assurait d’immortaliser leur grosse face avec le band de dos en background pour faire chier leur amis en dépression à la maison qui les check live sur les sociaux. I WAS THERE! PAS TOI!

Sur stage, encore une fois, j’ai trouvé que les tounes étaient toutes pareilles et longues. Par contre, Louis-Jean était sex de dos aussi. Vraiment fluide. J’ai trouvé que le band était vraiment bon et que ça sonnait très bien, mais j’ai jamais passé proche de ressentir une émotion autre que le désir amoureux. Pour Louis-Jean. À mes yeux il éclipsait tous les autres membres de son groupe. Même de dos, j’aimais mieux le regarder qu’écouter les chansons.

  • – Oui Sophie, c’est Hugo, je sais que c’est pas toujours clair nos affaires de couple ouvert pis toutes, mais j’ai l’opportunité de me pogner Louis-Jean Cormier ici…c’tu correct ? Je le sais plus ce qu’on avait dit pour les relations same-sex. Fallait tu le dire avant, après, jamais ?
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J’avais un DJ set au Bar À Piton à 23 h 00. Je suis donc parti avant la fin et j’ai réalisé que je n’écouterais plus jamais Karkwa et que je frencherais probablement jamais Louis-Jean.

Ça m’a donné le gout de tomber dans un gros bag de Fromage Boivin baigné dans le Red Champagne, mais j’ai respecté mon régime.

Je suis allé mettre des tounes dans un bar devant 40 personnes et j’ai eu des gros frissons quand j’ai mis ENOUGH de Brown et que 2 personnes la connaissaient. Quelle magnifique chanson. Si underraté. Mon cœur a presque explosé de bonheur. Me suis couché et le lendemain j’ai joué au golf. J’ai respecté mon régime tout le long de ce périple Karkwesque.