URBANIA et la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) s’associent pour vous rappeler vos droits et responsabilités au travail.
Dans ma vie de jeune adulte, il y avait des choses qui me dépassaient. Le travail en faisait partie. Comme le chante Vald dans son Journal perso 2 : « [Dans la vie] le sh** et le [salaire minimum], c’est le max’. Au-d’ssus, l’esclave serait moins stimulé ». Si on se résigne à croire en cette punchline, c’est la déprime assurée – aux portes de la vingtaine ! Alors qu’en fait, quand on connaît au moins quelques principes de base des droits et des obligations en matière de travail, chacun y trouve son compte.
Obtenir un premier emploi, c’est mettre un pied dans le monde un tantinet plus concret que le milieu scolaire. Pour une job d’été ou pour entrer dans un milieu professionnel et y faire carrière, laissez-nous vous donner quelques conseils pour préserver votre intégrité, votre dignité et vos droits au travail.
Alors : vous avez déposé votre CV un peu partout et votre candidature a retenu l’attention. Désolé pour le road trip entre amis, mais il semble que vous vous apprêtiez à plonger dans le grand bain de l’emploi!
Avant de commencer votre premier shift, soyez certain des modalités de votre contrat. On le rappelle, mais le salaire minimum au Québec en 2021 est de 13,50 $ (10,80 $ pour les salariés au pourboire). Moins que ça, c’est hors de question! (En fait, c’est carrément illégal.)
Déductions sur la paye, primes, horaire, tâches à réaliser… Mettez tout ça au clair dès le début. Et c’est mieux quand les détails sont écrits noir sur blanc. Un contrat de travail peut être verbal, mais ça augmente le risque de malentendus. Il n’y a aucun mal à être curieux des avantages auxquels on a droit, alors posez ces questions, vous vous sentirez plus à l’aise dans vos fonctions!
Règle de base quand on est payé au salaire minimum : l’uniforme doit vous être fourni sans frais! Salaire minimum ou pas, votre employeur n’a pas le droit de vous obliger à acheter des vêtements ou des accessoires qu’il vend, même s’il vous les offre à prix réduit.
L’habit devrait-il faire le salaire? Vous et vos collègues avez droit à la même rémunération si vous occupez un poste équivalent. Ce droit est couvert par la loi, qui est assez précise sur la question. Dans la pratique, ça veut dire que les entreprises doivent réaliser des travaux pour assurer l’équité salariale dans leur entreprise, et ensuite afficher de façon visible pour tous les employés les ajustements à verser pour que, à travail équivalent, le salaire soit le même.
Vous pensiez que l’égalité salariale homme-femme se limitait à une feuille affichée au babillard de la salle des employés? Mais pas du tout! Ce n’est qu’une des étapes. De l’affichage découlent les actes : votre employeur a trois mois pour faire les ajustements en matière d’équité salariale et éliminer les écarts de salaire s’il y a lieu (à vous l’augmentation).
Ces obligations existent parce que les écarts salariaux existent toujours au Québec. Les hommes gagnent plus que les femmes : 10 % en moyenne. Et puisque du monde bien sérieux travaille à les réduire, n’hésitez pas à réclamer que la loi soit respectée correctement!
Sur un chantier comme derrière un bureau ou dans des entrepôts, les employeurs doivent informer les travailleurs des risques liés à leur travail et leur assurer formation, entraînement et supervision appropriés. Vous avez aussi le droit de refuser une tâche qui vous paraît dangereuse! Sur ce coup encore, les lois du travail ont tout prévu (ou presque). Penser fort à sa carrière (ou à son travail pour l’été) ne veut pas dire mettre son corps en danger.
En plus de votre intégrité physique, votre bien-être mental est lui aussi primordial. Comme partout ailleurs, le harcèlement est condamnable : ordres agressifs, reproches injustes et répétés, intimidation… La liste des comportements qui peuvent créer un environnement de travail toxique et, éventuellement, dégénérer en harcèlement est longue.
Les recours? Consulter la politique de prévention du harcèlement et de traitement des plaintes de votre employeur, en parler au représentant syndical ou déposer une plainte pour harcèlement psychologique ou sexuel auprès de la CNESST. L’employeur est tenu par la loi de fournir aux travailleurs un milieu de travail sain sans harcèlement psychologique ou sexuel.
Attention toutefois à ne pas confondre période de rush – comme quand tous (!) les clients arrivent en même temps! – et harcèlement psychologique : votre employeur peut exiger une certaine rentabilité, tant que c’est demandé respectueusement.
Travailler, ça fatigue! Et le faire 40 heures par semaine, ça incite aussi à (re)découvrir les siestes. Maîtrisez celles de 15 minutes (chez vous, pas au travail) et vous accéderez à une ressource inépuisable en matière de récupération.
Vous changerez certainement d’autres habitudes. Sur le plan alimentaire, vous commencerez à voir tout le potentiel du café : pour se réveiller, mais aussi comme prétexte à une bonne pause (après tout, elles ne sont pas réservées qu’aux fumeurs). Les pauses ne sont pas obligatoires dans votre contrat de travail, mais les pauses-repas, oui! Trente minutes après cinq heures consécutives. Si vous devez rester à votre poste pendant ces 30 minutes, l’employeur doit vous les payer.
Vous saurez aussi apprécier les congés. Au moins 32 heures consécutives de repos hebdomadaire sont garanties par la loi. Ça ne change pas : dans la vie des travailleuses et des travailleurs, les congés sont trop courts. Mais en un jour (presque) et demi, parce que vous disposez maintenant du sacro-saint pouvoir d’achat, vous pouvez aller au cinéma, manger au resto, visiter un musée… Enfin, on ne va pas vous dresser une liste : c’est juste vous rappeler d’en profiter, de ces congés.
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Apprenez-en plus sur vos droits, responsabilités et obligations en matière de normes du travail, d’équité salariale et de santé et sécurité au travail afin de commencer votre nouvel emploi bien informé.